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Les deux finalistes de la première primaire de la droite et du centre ont, comme tous les politiques français, leur idée des relations de la République avec l’État d’Israël. Pour les amis Israéliens depuis très longtemps, 1967 au moins, les promesses électorales se transforment en réalités décevantes. De Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac et, dans une moindre mesure, Mitterrand, Sarkozy et Hollande n’ont pas fait montre d’une sympathie sans borne vis à vis de Jérusalem. Qu’expriment donc les deux prétendants à la fonction républicaine suprême ?

Pour François Fillon, qui fut le premier ministre de Nicolas Sarkozy durant tout un quinquennat, le propos jadis très sévère à l’égard d’Israël semble avoir évolué ses derniers mois vers un peu plus d’empathie. Aujourd’hui celui-ci veut exprimer une opinion « équilibrée ». Ainsi à propos de la dernière affaire de l’UNESCO concernant Jérusalem (il y en a eu bien d’autres avant comme l’assimilation du sionisme au racisme en 1974…) il estime que les résolutions votées par cette institution sont inacceptables. Selon lui la France aurait dû voter contre ces textes qui sont un camouflet à la réalité historique de cette ville. « La France n’a pas à prendre parti et à réécrire l’histoire des autres. »

Il affirme par ailleurs que « les Palestiniens ont également droit à un état » mais tout autant « Israël doit également voir respecter son intégrité territoriale et sa sécurité. » Pour lui l’idée d’organiser une conférence sur la paix en l’absence des intéressés n ‘a aucun sens. Il faut un agenda de négociations pragmatique pour restaurer la confiance entre les parties.

Au cours du troisième débat de la primaire Fillon a dénoncé l’ascension d’un phénomène totalitaire (l’islamisme radical) qui se traduit selon lui par « l’émergence d’un mouvement politique qui fait peser une menace sur la paix mondiale, qui a des tentations génocidaires et qui veut massacrer les Chrétiens d’Orient et expulser les Juifs d’Israël. »

Néanmoins ces propos ajoutés à ceux, lyriques, tenus en 2014 lors d’une conférence à Nethanya ne font pas oublier les critiques dures en 2012 à l’encontre de la communauté  juive et qui portaient sur l’abattage rituel d’une part et sur la comparaison de prétendus privilèges accordés aux élèves et étudiants juifs dans la fixation des dates d’examen par rapport au sort réservé aux musulmans.

Concernant Israël, en 2014, il n’hésita pas à déclarer que si les Israéliens n’acceptent pas un état palestinien il prennent des risques à long terme et « ils en font aussi prendre au monde entier. »

Ce qui est cependant plus inquiétant c’est l’enthousiasme dont fait preuve l’extrême droite traditionnelle dans le soutien qu’elle apporte à François Fillon . Ainsi « L’Action Française », héritière de l’antisémite Charles Maurras, exprime sa satisfaction dans les réseaux sociaux devant la victoire de François « le Sarthois » contre Sarkozy « la bateleur » et Juppé « la rare nullité d’énarque. »

Alain Juppé, premier ministre de Jacques Chirac et ancien ministre des affaires étrangères du début des années 90, est le personnage d’une France conservatrice, néanmoins bien pensante et d’inspiration libérale. Lui non plus ne passe pas pour être un soutien indéfectible de la cause israélienne. Lorsque de son exercice du pouvoir il a bien souvent pris des décisions qui ont eu pour effet de rendre la France insuffisamment fiable pour siéger es-qualité lors des multiples des espaces de négociations qui se sont révélés, il faut quand même le reconnaître, bien peu utiles.

Faute d’être pro-israélien le candidat « libéral »se défend, à juste titre, de tout antisémitisme. Son programme présenté à la primaire n’évoque quasiment pas le volet israélien. Il est cependant reconnaissant à Israël de savoir faire preuve de retenue dans le conflit syrien.

Il aura, en diverses occasions, eu des propos assez surprenants. Ainsi ouvertement au printemps 2016, à l’image du socialiste Jospin en son temps, à Tunis et devant un public acquis à la cause palestinienne il affubla Jérusalem du qualificatif de capitale d’Israël.

En novembre il a réaffirmé à l’adresse de l’UNESCO que « nul ne peut délégitimer la présence du peuple juif de Jérusalem. » Regrettant que le processus de paix soit dans l’impasse il souhaite la coexistence de deux états vivant pacifiquement côte à côte. Pour l’essentiel il reste sur la ligne traditionnelle du Quai d’Orsay depuis 1967.

 

Au final, si l‘un ou l’autre de ces deux vieux briscards de la politique française est élu à la magistrature suprême, les Israéliens n’ont pas à attendre de grands bouleversements dans les relations entre les deux pays. Que les nombreux citoyens français amis d’Israël ne s’illusionnent pas, la France gardera l’attitude qui est la sienne depuis 1967. L’absence de mobilisation des Français d’Israël lors du premier tour de ces primaires et d’ailleurs assez révélateur.

 

Tag(s) : #Actualité-évènement-politique
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